Sommaire
Qu'est ce qu'une secte ?
Selon la MIVILUDES (la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), la dérive sectaire « se caractérise par la mise en œuvre, par un
groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité,
de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter
chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une
partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette
personne, son entourage ou pour la société. »
Faire la différence entre secte et religion
« La religion présuppose la liberté de pensée sans contrainte physique ou psychique. Les Églises aspirent dans la majorité des cas à faire partie intégrante de la société, voire à en devenir des éléments dominants. {…} À L’inverse, la secte se définit en termes de contre-pouvoir, d’opposition au modèle communautaire habituel, elle œuvre en faveur d’une coupure avec la collectivité ». « La mécanique des sectes » par Jean-Marie Abgrall.
En effet, le but ultime de la secte est d’exclure l’adepte de la communauté citoyenne plutôt que de l’intégrer. On peut alors déterminer une secte par une pratique religieuse qui a recourt à la contrainte, qui prône l’isolement ou qui tend à se marginaliser. De plus, il n’existe pas de véritable pratique religieuse si celle-ci ne s’inscrit pas dans, et ne respecte pas, le cadre légal de la société dans laquelle elle s’exprime. D’ailleurs, pour se protéger, la plupart des sectes revendiquent le statut d’Église, ce qui ajoute de la complexité pour différencier une secte et un groupe religieux. Ainsi les sectes ont une structure hiérarchique bien définie, avec un total contrôle sur l’individu que nous allons analyser dans le paragraphe suivant.
Chiffres clés en France
500 mouvements sectaires à risques
Environ 500 mouvements sont répertoriés comme présentant des risques de dérives sectaires par les autorités françaises (MIVILUDES, Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires).
500 à 1 million de victimes
On estime à 500,000 à 1 million le nombre de personnes touchées directement ou indirectement par les dérives sectaires en France. Près de 20% des victimes sont des jeunes de moins de 25 ans, souvent recrutés via des méthodes modernes comme les réseaux sociaux.
4 000 signalements
En 2022, la MIVILUDES a reçu plus de 4,000 signalements, soit une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
Comment détecter une secte ?
Des critères élaborés à partir des travaux réalisés par diverses commissions d’enquête parlementaires ont permis d’identifier un ensemble d’indices facilitant l’identification d’un risque de dérive sectaire :
- La déstabilisation mentale
- L’exigence financière excessive
- La rupture avec l’entourage d’origine
- Les atteintes à l’intégrité physique
- L’embrigadement des enfants
- Le discours antisocial
- Les perturbations de l’ordre public
- Les démêlés judiciaires importants
- L’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels
- Les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics
Aucun de ces critères pris isolément ne suffit à prouver l’existence d’une dérive sectaire, et leur poids varie. Toutefois, le premier critère, la déstabilisation mentale, est toujours présent dans les cas de dérives sectaires.
Sur la base des signalements reçus depuis une dizaine d’années, la MIVILUDES a précisé ces critères afin d’identifier des signaux d’alerte. Ces signaux, donnés à titre informatif, ne sont ni impératifs ni exhaustifs et résultent de l’analyse des situations de dérives sectaires signalées à la MIVILUDES. Ils peuvent toutefois aider les victimes, leurs proches, ainsi que les acteurs institutionnels, professionnels ou associatifs à repérer un risque de dérive sectaire. Plusieurs de ces signaux sont nécessaires pour caractériser une telle situation.
Les signes d'endoctrinement
1. Isolement social
- La personne s’éloigne de sa famille, de ses amis et de ses cercles habituels.
- Elle est encouragée à ne fréquenter que les membres du groupe.
2. Rupture avec les anciennes valeurs
- La personne rejette ses croyances, valeurs ou comportements passés pour adopter ceux imposés par le groupe.
- Elle critique ou dénigre des aspects de sa vie antérieure.
3. Obéissance aveugle
- Une adhésion totale aux règles et à l’autorité du groupe, sans remise en question.
- Les décisions personnelles (travail, santé, relations) sont influencées ou prises par le groupe.
4. Discours répétitif ou stéréotypé
- La personne adopte un langage codé ou des slogans spécifiques au groupe.
- Elle répète les arguments et croyances du groupe sans esprit critique.
5. Dévalorisation des sources externes
- Méfiance ou rejet des informations ou conseils venant de l’extérieur (famille, amis, médias).
- Le groupe est perçu comme la seule source de vérité.
6. Pression psychologique
- La personne ressent une culpabilité ou une peur intense en cas de désobéissance.
- Des techniques comme la privation de sommeil ou des discours intensifs sont utilisées pour affaiblir sa résistance.
7. Priorité au groupe
- Les activités, réunions ou missions du groupe prennent le pas sur la vie personnelle, professionnelle ou familiale.
8. Dépendance émotionnelle
- La personne recherche l’approbation constante des leaders ou des membres du groupe.
- Elle craint d’être rejetée ou punie en cas de désaccord.
9. Refus d’écoute ou d’aide extérieure
- La personne rejette systématiquement les tentatives d’aide ou de discussion venant de proches.
10. Changements soudains de comportement
- Modifications notables dans l’apparence, les habitudes alimentaires, le sommeil ou le mode de vie.
- Une attitude agressive ou fermée face aux critiques du groupe.
Les recours légaux
Signaler une secte
La MIVILUDES
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (également désignée par l’acronyme Miviludes ou MIVILUDES) est un organisme de l’État français, créé en 2002.Elle a pour mission d’observer et d’analyser le phénomène des dérives sectaires, d’informer le public sur les risques qu’elles représentent et de coordonner l’action préventive et répressive des pouvoirs publics.
Auprès du rectorat, de l’Agence régionale de santé ou de la DDETS
Vous pouvez également vous adresser par courrier au rectorat, à l’agence régionale de santé, à la direction départementale en charge de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS).
